Et si on vivait demain sans croissance ?

Enseignant et maraîcher bio, Jean Aubin travaille depuis 30 ans sur les alternatives au capitalisme fondé sur l’hyperconsommation. Son livre “Sobriété et Solidarité. Le bel avenir du message évangélique” (Editions. Salvator) est en résonance avec le dernier numéro de La Vie du 4 février sur “La croissance peut-on vivre sans elle ?”. 

 

AubinLe parcours de vie de Jean Aubin est original. Alternant une carrière d’enseignant de mathématiques et de maraîcher biologique, il aime cultiver et se cultiver. Depuis plusieurs décennies, à travers ses ouvrages, il défend les questions d’environnement. Avec “Croissance l’impossible nécessaire”, publié dès 2003, il a été parmi les premiers à parler de la décroissance.

Dans son dernier ouvrage “Sobriété et solidarité” (Editions Salvator, 20 euros), il fait tout d’abord un tour d’horizon des problèmes écologiques et sociaux auxquels l’humanité est confrontée.

Il dénonce la sortie dans les années 1980 d’un capitalisme régulé par l’action de l’Etat et l’entrée dans l’ère du capitalisme ultralibéral. Il souligne son cortège d’inégalités : l’augmentation des très hauts revenus sous taxés, la précarité des “travailleurs pauvres”, le pillage des ressources naturelles, l’injustice et le chômage… Il fustige le dogme de la croissance qui augmente la production et la consommation de biens et de services sans tenir compte d’une planète surexploitée et à bout de souffle.

Une conversion radicale

Il met aussi l’accent sur les modèles comportementaux offerts à tous : “l’avidité, la tricherie, la goinfrerie, le chacun pour soi”. Que va t-il se passer lorsque les problèmes d’accès à l’énergie, à l’eau, à la nourriture vont s’accroître ? la guerre ? Il est convaincu que seule l’harmonie et l’équité peut nous éviter une confrontation et le chaos généralisé.

Jean Aubin nous incite donc au delà de ce sombre constat à une conversion radicale vers une vie à la fois frugale et solidaire. Catholique de tradition, mais en rupture avec l’Eglise, il est persuadé que ce sont les préceptes de l’Evangile qui doivent nous convaincre et nous aider à un changement radical de style de vie. L’Evangile place la faiblesse au dessus de la force, la pauvreté au-dessus de la richesse, l’humilité au-dessus de la grandeur. “Ce renversement des valeurs est une subversion absolue et un message d’espoir, l’affirmation d’une porte de sortie”, affirme notre auteur.

Retrouver solidarité et sobriété

Jean Aubin s’appuie sur le message d’un christ philosophe et guide de sagesse pour inciter les chrétiens à retrouver solidarité et sobriété et leur permettre d’être acteurs d’un réel changement de société. Admiratif du Mahatma Gandhi il préconise la non-violence dans les relations sociales, politiques et inter-personnelles pour accompagner le changement des comportements.

En conclusion, Jean Aubin s’appuie sur l’encyclique du pape François qui réaffirme que les valeurs du Christ ne sont pas celles du monde et qui lie la crise sociale et environnementale. “Il ne suffit pas de parler de l’intégrité des écosystèmes, il faut oser parler de l’intégrité de la vie humaine, d’encourager de conjuger toutes les grandes valeurs”, lit-on dans Laudato Si.

Une parole qui doit inciter chacun d’entre nous à la prise de conscience et à l’action pour sauver ce qui est encore possible.

Claire Cherblanc

L’auteur peut venir sur demande dans les groupes locaux des Amis de La Vie débattre avec le public. Contactez-nous.

“Sobriété et Solidarité. Le bel avenir du message évangélique”, par Jean Aubin (Editions. Salvator) 20 euros. En librairie.