FSM : en Afrique la “souveraineté alimentaire” est-elle menacée ?

Présent au FSM de Tunis avec le groupe d’Amis de La Vie, Jean Devaux (du groupe du Val d’Oise) dénonce le projet “nouvelle alliance” qui nuit au développement des pays d’Afrique subsaharienne. 

Francis-Ngang-Côte-Ivoire
Francis Ngang du réseau de Solidarité Inades en Côte d’Ivoire

En juin 2012, le G8 lance le projet “nouvelle alliance pour la sécurité́ alimentaire et la nutrition”, encourageant ainsi les sociétés multinationales à investir dans 6 pays test en Afrique subsaharienne. Le Burkina Faso, la Cote d’Ivoire, l’Ethiopie, le Ghana, le Mozambique et la Tanzanie. Ce projet pouvait être perçu comme une promesse de développement du continent.

En entendant les témoignages des responsables africains à Tunis nous comprenons que la réalité ne correspond pas aux attentes, et l’on décèle des préoccupations d’ordre économique plutôt que de solidarité.

Des contrats de partenariat sont signés entre les trois parties : le secteur privé regroupant des sociétés privées internationales et nationales (Mosento, Cargill, le semencier Yara, Syngenta, Coca Cola etc…), un des États africains, un État membre du G8 pour contrôler et encadrer.

Pour atteindre leurs objectifs, les acteurs du secteur privé exigent des États africains de modifier la législation et les réglementations pour faciliter à leur profit l’accès aux marchés locaux, en réformant :

  • Les codes d’investissement et des codes fonciers.
  • Les recommandations sur l’utilisation des semences modifiées et transgéniques des intrants chimiques.
  • La gestion des ressources en eau.
  • La liberté totale sur la commercialisation des produits.
  • en supprimant toutes les contraintes aux pratiques des investisseurs.
Conséquences pour les populations africaines

La mise en œuvre de “La nouvelle alliance” est en contradiction avec les recommandations de toutes les instances internationales : les Etats, la Société Civile, les Organisations des Nations Unies. Depuis des années elles travaillent à la promotion de l’agriculture familiale, pour agir sur la pauvreté, le développement et maintenir la diversité dans la production agricole

Réactions de nos témoins à Tunis

Ils demandent que :

  • Avant la signature des contrats entre le secteur privé et les états que le CSA (Comité pour la Sécurité Alimentaire Mondiale, instance de l’ONU) donne un avis pour éviter des accords léonins défavorables aux les producteurs africains notamment à l’agriculture familiale.
  • Les investissements soient contrôlés par les pouvoirs publics.
  • Une plus grande concertation entre les organisations paysannes africaines pour faire des contre-propositions.
  • Qu’il n’y ait pas d’élargissement à d’autres pays africains avant qu’une évaluation soit réalisée avec des indicateurs précis sur la première année de mise en œuvre.
Nous ne pouvons rester au stade du constat ! Mais QUE POUVONS FAIRE ?
  • S’informer auprès des ONG engagées sur le problème de la Faim et le développement en Afrique :
  •  CCFD Terre Solidaire 
  • ACTION CONTRE LA FAIM
  •  OXFAM
  • Accompagner les actions de plaidoyer lancées par ces ONG (pétitions, manifestations)
  • Soutenir financièrement ces ONG pour leur permettre d’accompagner les acteurs de terrains en Afrique, de mener leurs études d’investigations des problématique, et leurs actions de lobbying auprès des décideurs politiques et business agro-alimentaire.

Jean Devaux